Je suis un donk !

Parfois, j'ai une faiblesse commune à beaucoup de joueurs de Poker. Tout se passe bien, ça run good, et je commence à me prendre pour une star, un mec super fort qui gère trop à table et domine son sujet. Et puis la réalité me rattrape avec soudaineté et violence. Je suis un donk.

Lors du Grand Tournament sur Winamax ce weekend, cet état de fait me fût rappelé de manière très vive. Après un premier jour laborieux, je me stabilise à 19k et tente de repartir du bon pied lors du day2. J'ai alors un rush monumental et très chanceux qui me propulse à plus de 170k au plus haut point de la soirée... Avant de tout rendre sur une main jouée de manière inadmissible pour un soi-disant "professionnel".

De big blind, j'ai T8o et un stack de plus de 130k. Tout le monde passe jusqu'à un joueur assez solide et qui me couvre de peu au small blind limpe pour la 5eme fois consécutive son small blind. Je relance à 10k, il limp/reraise à 27k, je fais all in pour 130k et plus et il me snap-call avec TT. Pas de miracle et je sors dans les 60 places, payé mais malheureux.

Inadmissible pour moi, qui m'étais juré d'enlever ces moves de mon répertoire. Déjà, il y a quatorze mois environ, lors d'un gros tournoi live à 3000 euros, j'avais bousillé un gros chip lead sur un bluff dans un spot totalement ignoble, quasiment drawing dead. Je m'étais juré de ne jamais recommencer... Mais mes vieux démons m'ont rattrapé. Est-ce un problème d'ego si typique des combats de blinds? Oui, et rien d'autre! J'ai tendance à jouer ces spots de manière trop aggressive, motivé par la peur irrationnelle de me faire "outplay", alors que le fold est tellement plus sûr, tellement meilleur stratégiquement, tellement du meilleur poker! Cette tendance à "exploser"est un de mes pire "leak" à ce jour... Mais je ne le laisserai pas ruiner mes espoirs sur le circuit! Je suis un donk, certes, mais un donk conscient d'en être un et qui apprend de ses bourdes, et c'est déjà pas mal. Et sponsorisé aussi. Ca coûte moins cher. :-)

En parlant de sponsor, toutes mes félicitations à un autre donk, à savoir mon pote Otto Richard, qui s'est qualifié au casting d'un site de Poker concurrent (Ev***** Pok** pour ne pas le nommer). Une excellente nouvelle, car nous allons enfin pouvoir donker all around the world! Première étape à l'EPT Monaco dans deux semaines.

GO DONKS!

Foire de Lyon

J'étais invité à la foire de Lyon 2008 ce jeudi pour un petit tournoi entre pros et amateurs. Poker@Lyon, l'association en charge de l'organisaiton avait vu les choses en grand et monté un stand de très grande qualité avec une bonne trentaine de tables et une organisation digne de l'évènement. Nous avons été accueilli et traité comme des princes, un vrai bonheur!

J'ai eu également le plaisir d'y retrouver la plupart de mes nouveaux coéquipiers de la team Winamax: Ludovic, Anthony L., Alexia, Almira, sous la houlette bienveillante de Mik22. A noter aussi la présence de Pascal Perrault et de l'illustre et inimitable Jaybee des Donks in Vegas.

Concernant le tournoi, je suis assez fier de ma performance puisque j'ai réussi à terminer premier... des sortants! Voici la main qui me coûte presque tout mon stack.

Après 5 minutes de jeu en 25/50, je suis au SB avec Q9s. Tout le monde folde jusqu'au bouton, un joueur de Poker@Lyon surnommé "Pinpin" qui relance à 125. Je call pour voir un flop, et le BB folde. Flop Q94 avec deux trèfles. Je cheke, pinpin mise 225, je fais 800, il reraise à 2300, je fais tapis, il me call avec A9 de trefles et touche sa flush au turn (j'étais tout de même faovri à 57%, une partie de mon honneur est sauf...). Il me reste 300 chips, que j'enverrai quelques mains plus tard avec KT contre 99. Temps total de jeu: 12 minutes. GG manub!

J'ai passé la reste de la journée à discuter avec les joueurs, à sortir en premier de presque tous mes sit and go, à admirer les hôtesses Partouche, à signer des cartes et des tables... C'est ça la classe de rejoindre une team de joueurs célèbres, les gens pensent que vous êtes célèbre aussi. :-D. Jaybee finira 2eme du tournoi derrière PP Le Bandit, scellant la victoire des pros dans cet évènement.

Retour en train avec Michel et Almira avec un bout de débat sur "le run-it-twice est-il bénéfique ou mauvais pour le poker télévisé?" avant que Mik ne sombre dans l'inconscience d'un sommeil bien mérité. Almira me parle un peu des Echecs, de son parcours, de ses ambitions au Poker... Voilà une jeune femme vraiment fascinante d'intelligence, de culture et de détermination. Avec une telle équipe autour d'elle, je lui prédis un futur brillant sur la scène internationale.

Je finis la journée sur le tournoi à 200 en Hold'em/Omaha de l'ACF, dans lequel rien de bon ne se produit (je sors assez vite après avoir perdu 3 fois avec AAxx en Omahah, en heads-up et quasiment all in preflop). Je retse pour encourager mon pote nicbab, qui run super good cette semaine en plus d'être un joueur hautement compétent : deal au mixed game de mardi, deal au 500 de mercredi et 5eme place au tournoi du jeudi! Le Club Poker tiendrait-il un challenger à Gab et Rémi Biechel?

Au programme de ce weekend, le Grand Tournament sur Winamax et quelques petits projets persos dont je vous parlerai peut-être bientôt...

(photo: defunkt)

Objectif perf ?

Dans mon blog précédent, je racontais comment je m'étais fixé l'objectif de trouver un sponsor et les moyens que j'avais utilisé pour parvenir à mon but. C'est désormais chose faite, et je suis bien entendu très heureux... mais aussi un peu déprimé! Curieux, non? Cela m'arrive systématiquement dès que j'atteint un objectif important à mes yeux. Je m'explique vaguement la chose de la façon suivante: j'ai une personalité assez obsessionnelle, capable de me fixer mentalement sur mon objectif de manière très intense, et quand celui-ci est finalement atteint, cela crée un gros manque! Pour le combler, rien de mieux bien entendu que de se fixer un second objectif pour remplacer le premier...

Mes efforts sont donc tournés vers le circuit pro et les tournois auxquels je vais participer. Afin de tirer le meilleur parti de cette manne de sponsoring, il me faut réaliser une ou plusieurs performances pour cimenter ma présence et consolider ma bankroll. Je dois aborder cette période qui s'ouvre avec le bon état d'esprit.

Dans mes rêves les plus fous, comme la plupart des joueurs ambitieux, je dispute la table finale des WSOP, je gagne un EPT, je remporte un bracelet... Objectif totalement irréaliste! Sur la petite dizaine de tournois que je pourrais disputer chaque année, il est très improbable que je réussisse un tel exploit. Beaucoup de facteurs jouent contre moi: la taille des fields, la variance inhérente aux MTTs ou un coin flip perdu peut tout changer, le niveau de jeu auquel je n'ai pas encore réellement été confronté... Je dois me donner une définition de "perf" qui soit atteignable, sinon je risque de ne jamais atteindre mon objectif!

Mais cela comporte aussi un danger: à jouer sans la volonté absolue et totale de gagner, en dépit de toute raison, je pense dimminuer mes chances d'un exploit. Le contraire est également vrai: à jouer sans aucun objectif de performance, je risque de ne pas me mettre suffisamment de pression pour aller chercher l'edge qui me sera nécessaire pour triompher. La tentation est donc grande de prendre les tournois les uns après les autres, sans attente particulière, en essayant juste de jouer le meilleur poker que j'ai jamais pratiqué jusque là. Grâce à l'entourage bénéfique de la Team Winamax et des autres pros français de haut niveau, je pense avoir des coéquipiers qui pourront me dire objectivement si je suis sur la bonne voie ou pas.

Maintenant, que faire pour optimiser mes chances de réussite?

- parfaire ma technique. C'est probablement aujourd'hui mon point fort, mais je sais qu'il me reste quelques leaks à combler.

- m'imprégner d'un niveau de jeu différent. C'est probablement ce qui me manque le plus, tant les tournois auxquels je suis habitué sont faibles comparés aux gros évènements internationaux. Je compte sur la Team pour me faire part de leur expérience. Parallèlement, je suis en train de revisionner les épisodes des PPT et EPT.

- jouer plus en tournoi deep stack. Avec les années, j'ai développé une expertise du jeu en short/moyen stack. Je choisis très bien mes spots dans ces configurations. Il me manque l'expérience du jeu en deep, dans lequel j'ai plutôt pas mal réussi lors de mes rares tentatives (je pense aux tournois du Deep Stack Extravaganza à Vegas l'année denrière).

- prendre l'expérience des longs tournois. J'ai déjà effectué quelques tournois sur deux jours, mais aucun sur plusieurs jours. J'ai cependant un peu d'expérience dans ce domaine grâce à Magic, ou les tournois durent fréquemment trois jours et nécessitent une concentration intense.

- développer ma force mentale. C'est probablement l'un des points qui me donne le plus de fil à retordre. Par le passé, j'ai eu parfois tendance à "exploser en plein vol" dans des tournois où j'avais toutes les armes pour aller très loin. Je vais joeur à des enjeux qui peuvent faire tourner la tête... Le plus important et le plus dur sera de ne jamais penser à l'argent.

- anticiper le run sans résultats. Comme les tournois soient relativement espacés dans le temps, une longue période creuse peut être particulièrement éprouvante. Quand je joue online, je sais qu'il peut difficilement se passer plus de quelques semaines sans qu'une performance quelconque ne vienne renforcer au moins mon moral. Sur le circuit pro, un excellent joueur peut batailler des mois contre le hasard!

Voilà l'étendue du programme qui m'attend. Je viens de me trouver ma nouvelle obsession! Ca va déjà mieux... :-P

Nouveau blog, nouvelles aventures...

Je me souviens parfaitement du moment. Fin août 2007, j'étais confortablement installé dans le TGV en direction du mariage d'un ami. A la gare, pour passer le temps, je m'étais procuré le magazine Live Poker, avec Anthony Lellouche en couverture. Alors que le paysage défilait à toute vitesse, la lecture du parcours d'Anthony avait remué quelque chose en moi... Plus que jamais, un bilan s'imposait.

Depuis fin 2005, je vis principalement du Poker. A l'approche de mes deux premières années de carrière comme joueur pro, je me considérais comme globalement satisfait. Dans l'ensemble, ça marchait pas mal... J'avais une grosse victoire à mon actif au Sunday Warmup, une première participation EPT, et plusieurs performances moins importantes mais néanmoins lucratives acquises pendant l'été sur Pokerstars et à Las Vegas. Ma bankroll était saine, ma gestion personnelle correcte, ma qualité de vie globalement satisfaisante. Cependant, quelque chose manquait à mon parcours, et l'interview d'Anthony a mis le doigt dessus.

Naturellement, je ne suis pas quelqu'un qui aime prendre des risques. Satisfait de jouer à des limites moyennes, de gagner de quoi vivre confiortablement, je ne me posais pas trop de questions. Je jouais machinalement, assez peu, sans l'excitation de mes vrais débuts de Poker intensif un an plus tôt, quand j'avalais sans broncher 5-6h de 12-tabling par jour. Bref, j'étais en pleine crise de facilité. Pour la première fois, je me posais la question avec honnêteté. Que voulais-je vraiment retirer de cette vie? Juste un peu de confort, de reconnaissance et une absence totale de contraintes? Non, je me sentais capable de mieux... mais à quel point exactement?

Pendant quelques jours, je me suis plongé dans une intense réflexion sur ma carrière et mes ambitions. J'ai mobilisé des amis "stratèges", parlé à d'autres joueurs, fait le point sur ce que j'étais prêt à risquer et à sacrifier pour progresser. La conclusion m'est apparu de manière assez inévitable. Pour avancer dans le milieu du Poker, il me fallait concentrer mes efforts sur les grands tournois live du circuit pro. Mais voilà: en l'état actuel de mes finances, hors de question de payer de ma poche les buyins exhorbitants. Pour contourner ce problème, deux possibilités: les satellites online, et le sponsoring. Je mobilisais donc tous mes efforts des mois suivants sur ces deux moyens d'accéder à mon objectif.

Côté satellites, je dois bien l'admettre aujourd'hui, ce fût désastreux. Frappé par un bad run assez déprimant et ne jouant pas au top de mes possibilités, j'ai du investir près de $10,000 pour un retour nul: aucune qualification! Le point d'orgue restera ce sat turbo pour le PCA avec une place, où, arrivé en heads-up, mon adversaire fait une erreur grossière (call son tapis preflop avec KJo alors que nous étions encore assez deep et de stacks presque équivalents) et gagne le coin flip contre mon 77.

Malgré ce gâchis, il me restait la piste du sponsor. Mais là, comment se faire remarquer? Je n'étais pas inconnu dans le paysage pokéristique français, avec la toute récente sortie de mon livre, la participation à quelques émissions de télé et le lancement de Club Poker Radio. De nombreuses pistes étaient envisageables, mais je n'étais particulièrement bien placé dans aucune... La promotion "Live The Dream" d'Everest Poker m'est apparue à l'époque comme le messie. Très vite, je participais aux premiers tournois de qualification, avec l'intention de grinder à mort le cash game en décembre pour me qualifier aux points en cas d'échec. Heureusement, à ma quatrième tentative, je réussis à me placer dans le top 10 et à décrocher une place, m'évitant par la même occasion un gros mois de labeur.

Par la suite, je concentrais tous mes efforts sur ma candidature à Live The Dream. Rapidemment, je me positionnais parmi les favoris du casting grâce au soutien des membres de Club Poker. Jusqu'au jour où, visiblement attirés par le brouhaha, j'ai attiré l'attention de la prestigieuse team Winamax, composée des plus grands espoirs du Poker français.

Le 11 mars 2008, exactement un an après ma victorie au warmup, je rentrais dans la team Winamax. Devant moi s'ouvrent désormais quelques années de Poker à haut niveau face aux meilleurs joueurs du monde et dans un cadre idéal, entouré de joueurs plus expérimentés que moi et très affûtés techniquement. L'occasion rêvée de faire mes preuves, de passer à la vitesse supérieure, est enfin arrivée.

Mais si aujourd'hui j'ai accompli ce premier objectif, je suis en fait au tout début du chemin. J'en mesure la longueur et les détours accidentés, mais ma détermination à aller au bout est sans faille... Je raconterais sur ce blog les différentes étapes de mon parcours, ses probables échecs et ses succès espérés.

Première étape: EPT Monte Carlo, 12-17 avril 2008.

A très bientôt,

manub